Aujourd’hui, j’ai changé la peinture des six pots du chevalet. Au bout d’une semaine, tout est kaki, caca ou moutarde, c’est le moment de repartir à zéro. A chaque fois, j’essaye de proposer une harmonie de couleurs qui change radicalement de la précédente. En remplissant les pots, je me dis que c’est vraiment très éclectique, surtout le rose fluo. A 8h30, tout est prêt, les feuilles de Canson accrochées, les pinceaux dans les pots, la maîtresse et son bic, pour accueillir tout le monde.
A 9h30, j’ai pulvérisé un peu des 21 huiles essentielles contenues dans mon spray secret, aux quatre coins de la classe. Il y a du vomi sur le Canson, le chevalet et à l’intérieur du pot de rose fluo. Je décroche les dessins en disant que là, il faudra recommencer, pour raison sanitaire. Ils adorent l’expression que j’entends ensuite à deux reprises dans la journée. En vidant le pot fluo-sanitaire dans l’évier, je note que ça, je n’ai encore jamais fait.
A 16h15, je ne m’avoue pas vaincue. Telle boucle d’or, assise sur la moyenne chaise, je leur présente « l’espace de créativité ». C’est un peu pompeux mais ça donne l’impression d’une mission de la plus haute importance. Et en vrai, c’est le cas. Une table, avec une grande feuille et des tas de petits objets, en bois, brillants, des billes, des perles, des ficelles, des étoiles…pour composer à sa guise dans l’espace de la feuille. Assembler les formes, les empiler, leur faire raconter une histoire ou se contenter d’un tableau géométrique ou poétique. Chacun y trouve son plaisir.
Je suis interrompue par un bruit inquiétant. Je n’identifie pas tout de suite mais je connais.
Bien sûr, c’est le vomi. Encore. Et à mes pieds cette fois.
L’espace de créativité est bien lancé.
En ce début d’année les microbes s’attaquent à la culture.