Deus ex machina

Il faut qu’ils soient variés, pour donner envie de les sortir de leur boite, les toucher, les empiler, voire les mettre discrètement dans la poche.

Un petit bol pour chaque catégorie et surtout pas de plastique.

Les sempiternelles barquettes de la maternelle n’ont pas droit au chapitre ici.

Une grande feuille noire est posée sur la table et tout autour, ce banquet imaginaire.

Des petits carrés de différentes couleurs, en bois teinté, pour la foule immense.

Quelques bâtonnets de glace, la rigidité et la longueur.

Des morceaux de cordelette rouge satinée d’une dizaine de centimètres, pour faire des ponts chatoyants.

De tous petits pompons en mousse, le mou et la rondeur.

Quelques étoiles dorées, la forme et la brillance.

Des bouchons en liège à mettre autour du feu.

Des objets récupérés qui étaient en fin de carrière.

J’ai adossé la table au radiateur de la classe et on s’y installe pour créer son univers. Une chaise et pas de consigne trop précise. Ils ont pourtant voulu savoir ce qu’il fallait faire exactement. Entre rien de précis et on fait ce qu’on veut, on s’accorde sur l’atelier de créativité.

C’est difficile à dire mais l’aspect formule magique est attrayant.

« Euh, maîtresse, en fait je vais à l’atelier de créativité,  » me dit-on d’un air faussement détaché.

Je change régulièrement les objets pour titiller les envies de ceux qui tournent autour du radiateur mais ne s’y arrêtent pas, malgré de discrets regards en coin.

Certains feront un tas de tout cela, une montagne agglutinée. D’autres rangeront par forme, dans un classement personnel, méticuleux et quasi inquiétant. Parfois aussi, une histoire.

A la fin, le « j’ai fini » viendra me chercher, une photo et on rangera pour le suivant .

Chaque jour, ils recommencent, chaque jour, des réponses.