Parfois c’est vraiment difficile de compter, même jusqu’à trois. Comme si rien ne s’imprimait. On a essayé plusieurs fois avec Hafid. Ça le stresse, il mélange tout, il commence par dire 7, puis 3, puis 2. On a compté sur les doigts, compté des objets, compté les enfants… Je dis « on » parce qu’à force ça me stresse autant que lui. Il me répond « Ah ben, là j’me souviens plus du tout maîtresse », d’un air complètement normal.
Alors, je m’entraine à arrêter d’attendre. Et je parle de Mbappé. Que évidemment il n’est pas devenu champion d’un seul coup et qu’il s’entrainait tous les jours, c’est obligé. Et qu’il a sûrement raté quand il était poussin. C’est ma grosse ficelle. Y a la voiture aussi. Je leur dis qu’au début, personne ne sait conduire, ça n’existe pas, un adulte qui sait tout de suite conduire. Même Batman.
Et puis quand je suis à bout d’arguments ou de superhéros du quotidien, je surjoue. Si quelqu’un réussit même un tout petit peu, je dis que c’est vraiment super, merveilleux, waouh. Je souffle sur les braises, je montre ma joie. Jusqu’à trois.
Les réussites se déguisent en minuscule, elles sont souvent timides. Il faut les arrêter, les encourager puis les laisser repartir. Et rester derrière au cas où elles se retournent pour vérifier si on regarde toujours.
1, 2, 3. Toujours là.