Poings serrés

Abdou est né à la toute fin décembre 2015. Il va avoir trois ans dans quelques mois. Mille jours. Il parle beaucoup, mais je ne comprends pas tout le temps.

Quand je suis debout et que je laisse pendre mon bras, ma main arrive naturellement sur sa tête. Je dois aussi me baisser très souvent pour refaire le bouton de son bermuda en jean. Abdou demande à aller faire pipi quatre ou cinq fois par matinée et met un point d’honneur à être propre. On l’accompagne, il veut garder un contact visuel pour ne pas être tout seul dans les toilettes.

Abdou m’a montré son polo Lacoste et expliqué quelque chose au sujet des couleurs, je n’ai encore pas compris mais j’ai montré que c’était fascinant et il était fier, en marchant vers le toboggan, armé d’une lingette microfibre pour enlever l’eau stagnante de la structure multicolore.

Le matin, il fait un coucou rapide de la main à sa mère, parce qu’il veut être dans la classe. Elle s’en va, presque un peu déçue, je vois. A midi, elle me demande s’il a un peu pleuré, alors je dis oui. C’est souvent vers dix heures. Il vient vers moi, il serre ses poings et les met dans son cou en haussant les épaules. Là, il dit « Mon-mon! » et je vois son menton tremblant et sa bouche pincée. Je m’assoie, il monte sur mes genoux, fait le koala, puis redescend.

On a dessiné sa maman ensemble, sur une feuille, pour qu’il la garde dans sa poche après. Il a rageusement colorié la robe en rouge, comme un incendie passionnel.