Mon école a un nom, et même un nom propre.
Avant d’y mettre les pieds, j’ai donc cherché qui était l’illustre personne décédée, et maintenant auréolée de gloire, qui se retrouvait chef posthume de la maternelle. Je suis tombée sur un écrivain, pas très connu, il devait y avoir une raison précise à ce choix. Puis la rentrée est arrivée avec ses questions très urgentes. En janvier, la Mairie nous a signalé que la Loi obligeait les communes à pavoiser les établissements scolaires: afficher la devise de la République et les drapeaux français et européen. Rajoutons à cela une initiative de la Mairie: une plaque explicative sur l’écrivain mystérieux. Nous voilà chargées, mes collègues et moi, de proposer une mini-biographie de cet homme.
Très vite, nous découvrons qu’il sont en fait, deux. Presque homonymes. Même prénom, même nom. A un détail près, un espace. Un vide qui change tout. Ce n’est plus un écrivain, mais un peintre, qui aurait la place et la future plaque.
Nous réfléchissons bien, précisons nos recherches et envoyons la biographie de cet homme à la Mairie car c’est son nom à lui qui s’écrit comme celui de l’école, administrativement. Wikipédia précise même: « Couche après couche, il enfouit l’image sous la matière pour parvenir à une occultation qui semble complète ». La réponse de la Mairie ne se fait pas attendre, nous nous sommes trompé. Mais, non. Nous avons revérifié. Le nom de l’école, tel qu’il s’écrit aujourd’hui, c’est bien le nom du peintre. Alors, j’ai dû renvoyer un mail homéopathique pour dire « toi-même » au Maire et au directeur de Cabinet. Réponse: « Ah. Bien vu ».
À quelques jours des vacances, j’ai appelé pour demander en urgence un antivol pour le portail, parce que les enfants arrivaient à l’ouvrir tous seuls et essayaient de sortir de l’école. Mon interlocuteur a rigolé et a noté « Allez, un antivol pour les fugueurs » puis, il a rajouté avant de raccrocher « Au fait, vous savez pour c’t’histoire de plaque, bon, en fait y a dû avoir une erreur à la base dans la transcription du nom, hein. Bon c’est fait, c’est fait, maintenant on reste sur le peintre, hein!! »
J’ai relu l’article de Wikipédia, et ils précisent bien que sous les amas de matière, le peintre cherchait surtout à « saisir non la ressemblance mais au contraire l’indéfini, l’insaisissable, l’imprévu. »