Tous les matins Sofian me dit bonjour et fonce faire un dessin: un dessin pour papa. Tous les jours, un dessin pour papa.
Papa, c’est un bourru patibulaire. Et quand il emmène Sofian, il dit sans sourire : « Allez vas-y mon fils, va faire un dessin pour papa. »
A l’école on fait des dessins.
Alors, je regarde souvent en coin, ce que fait Sofian. Des dessins, des dessins et encore des dessins. Ils représentent tous quelque chose et en petite-section, pas toujours simple de décoder le courant pictural. Il faut reconnaitre ce qui est dessiné….ou bien comprendre les mots quand les élèves décrivent leurs œuvres. Une fois, Sofian avait dessiné un alacalama, calarama. Un calamar. J’étais désolée et il a fini, désespéré, par me montrer les tentacouses du monstre.
Sofian avait dessiné les tentacouses du calamar. Bien sur. Et moi, j’en suis restée assise, scotchée sur ma petite chaise d’humaine.
Aujourd’hui, il a fait un renard à trottinette. Absolument merveilleux. Alors ce soir, quand j’ai vu son père venir le chercher à la garderie, je lui ai dit:
« Oh vous savez, Sofian il fait des dessins superbes, il dessine beaucoup, c’est toujours très précis et il explique très bien ce qu’il fait! Il m’impressionne! »
-C’est Picasso mon fils. Dans la famille on a des neurologues. Il va aller loin. Son grand-père il est Colonel et sa grand-mère Générale. Il va aller aussi loin qu’eux. Général ou Colonel. Allez c’est bien, merci! »