De la différence

Aujourd’hui, Icham m’a posé la question. « Mais en fait pourquoi, il comprend pas Marvin? » C’était gentil comme il a demandé, et ça attendait une vraie réponse. Les premières choses qui me sont venues à l’esprit sont… Comment lui dire qu’on n’a pas tous les mêmes cartes quand on arrive sur terre et puis aussi pas de chance parfois? Que le handicap, accentué par un milieu social très défavorisé ça fait que pour Marvin, les journées sont sans doute très longues. Et que, même si tout le monde est gentil avec Marvin, les écarts déjà grands se creusent toujours plus. Et aussi que je n’ose penser à l’an prochain…attendre la décision d’orientation, organiser une solution qui lui permette d’aller dans une structure adaptée. Que déjà deux ans sont passés pour convaincre sa famille et que maintenant les embûches administratives, les histoires de circuit de bus, de Conseil Général, de temps de trajets, se profilent à l’horizon. Alors, j’ai dit: « Ben, parfois c’est très difficile de comprendre les choses. Même si on explique beaucoup et qu’on fait des activités différentes, on n’y arrive pas trop. Comme si tu t’entrainais beaucoup en sport, mais que les autres courraient toujours plus vite, tout le temps. »  Le nombre de fois où je fais allusion au sport et à l’entrainement, j’ai l’impression d’être une imposteur(e), s’il savaient que même le tennis à la télé ça me stresse… Et pourtant Marvin il court hyper vite. Mais pas dans sa tête. Icham, il a remarqué aussi que Marvin, il avait du mal à démarrer ses phrases. « Tu vois maîtresse, il fait tout le temps heu-heu-heu-heu, puis hop il parle. C’est du beuguement hein? » C’est exactement ça. Et plus qu’il ne le pense, c’est le mot parfait.

Et encore, je repense à la phrase « T’avais qu’à naître en France ». Un coup de bol pour Marvin. Mais ça ne change pas grand chose…ça fait juste relativiser, un peu.