Dans une classe, il y a très souvent un élève différent, un très agité ou un très introverti. Un pas comme les autres. Parfois on ne sait pas pourquoi. Parfois on sait, et on n’est pas plus avancé.
Les parents aussi ont leur chemin à faire. Pas comme les autres. Il faut attendre, faire des dossiers avec eux, discuter, qu’ils acceptent qu’il aille à l’école, dans une classe adaptée, ou même dans une autre école.
Et là, il faut encore qu’il y ait une place. C’est compliqué pour tout le monde, c’est douloureux et la patience de chacun n’est pas illimitée. Pas la peine de faire un dessin.
De toute façon, Marvin l’a fait, le dessin. C’était celui de la rentrée, où l’on se dessine le premier jour du CP. Ils se sont tous fait des sourires jusqu’aux oreilles et des cartables à roulettes, mais pas Marvin.
Il a de grands yeux bleus, un peu vides et un peu tristes. Quand on se parle, je vois souvent qu’il panique. Dans ces moments-là, ses yeux, on tombe dedans, on passe à travers.
Heureusement, ses voisins de bureau sont sympas. Je leur ai dit que dans l’année, on ne ferait pas tous le même travail, parce que c’était comme ça la vie et que Marvin il avait besoin de plus de temps pour comprendre. Depuis, ils n’arrêtent pas de lui dire: « C’est bien ». Les enfants sont plus gentils que nous parfois.
Marvin s’est calmé depuis la rentrée. Il me montre tout le temps qu’il sait super bien coller car ça, c’est assez rassurant pour lui.
Plus que le dessin du premier jour du CP, en tout cas.