Il y a peu, j’ai découvert un livre simple, étrange et poétique. Un livre aux dimensions parfaites, avec un beau papier, épais, mat et qui sent bon. La couverture est solide comme pour bien protéger les histoires qu’il contient et à peine refermé, j’ai eu envie de les lire à mes élèves, car ces histoires, elles sont spéciales.
Pas de héros surhumain ou d’aventure exceptionnelle.
C’est plutôt le quotidien, les renoncements, les déceptions mais aussi les soulagements et les apaisements qui sont mis à l’honneur.
Hulul est un hibou, qui vit seul dans sa maison. Un soir il décide de faire du thé aux larmes.
Facile, on l’a tous déjà fait sans le vouloir. Mais lui, il s’y met pour de bon. Il prend sa bouilloire et il commence à penser à des choses tristes, exprès : des chaises cassées, des cuillères tombées derrière le poêle et jamais retrouvées, des matins que personne n’a vécus car tout le monde dormait encore.
Il pleure, il pleure et puis quand la bouilloire est remplie, il décide de s’arrêter, que c’est bon comme ça et il boit son thé aux larmes. Il le trouve un peu salé mais délicieux.
Et voilà, c’est fini. Quelques pages, un sentiment puissant et nouveau et on est au bout de l’anecdote.
Mes élèves étaient médusés et fascinés, la bouche ouverte.
Un petit a commencé à dire « Mais c’est moi du thé, c’est moi du thé. C’est moi thé ». Au bout de quelques minutes, j’ai compris que le thé en question, c’était la lettre, le T, son initiale.
C’était son T dans la théière d’Hulul. Alors, j’ai dû montrer mon thé et ma théière dans la classe, pour que chacun retrouve sa tasse et sa lettre.
C’était presque la récréation et Marion est venue vers moi. Elle est très grande pour une petite et elle parle peu.
Elle m’a dit doucement: « Timide, c’est quand on veut s’asseoir derrière » et elle partie dans la cour.
(Pour se plonger dans Le thé aux larmes: « Hulul », d’Arnold Lobel.)