Cela fait maintenant cinq jours qu’une chanson d’Anne Sylvestre résonne dans ma tête. À fond. Avec tous les instruments. Je l’entends, je la chante, je l’adore, je l’écoute. Je fatigue un peu. Comme un hoquet qui ne s’arrête pas. Petite languette, petite languette… J’avais oublié que je la connaissais par cœur. J’ai compté, ça doit bien remonter à…une grosse trentaine d’année. « Viens que je te guette, viens que je te mette, le long de mon pied, le long de mon pied… »
Il y a peu, on m’a prêté le disque. J’ai écouté, et j’ai constaté que c’était profondément incrusté en moi. Je l’entends la nuit, je la chante dans ma voiture, je fais tout pour la désenfouir de moi. Je la chante avec mes élèves. J’ai même essayé de la refiler à mon frère pendant un repas de famille. Pour le moment, cette chanson me colle. Elle parle d’apprendre à faire ses lacets, et la conclusion est sans appel. Quand on a réussi pour un pied, il faut recommence pour l’autre. J’en ai encore pour une semaine. Mais quand je vois mes élèves gigoter avec délectation aux premiers sons de clochettes de cette fabulette, je suis contente de ne pas avoir de scratchs aux tennis, pour recommencer.
Cette épuisante semaine à grelots dans la tête a été belle aussi pour Carmina. Elle pleure depuis septembre, presque tous les jours. Elle m’explique bien que l’école c’est nul. Mais cette semaine « Tu sais maîtresse, je suis devenue grande de plus, parce que j’ai mangé des flageolets. »
Le vendredi, on se sent souvent vide. Sauf, quand on a une chanson dans la tête.
« Je peux courir, j’ai les deux pieds chaussés. »