Il a fallu un moment pour que tout le monde ait mis son attirail de l’ère glaciaire. Bottes imprimées Spiderman, ballon de foot, Reine des Neiges. Blouson ultra rembourré. Bonnet à pompon en faux-vison. Moufles blanches à cœurs roses. Écharpes interminables. La grande balade en forêt est presque là. Montée dans le bus, arrimage des vingt-trois ceintures, arrivée, descente du bus. En quelques minutes, nous sommes sur le chemin et ça sent la campagne après la pluie.
Je trimballe un vieux sac en tissu pour les sorties. Il est marron et c’est pas plus mal parce qu’ils le trainent par terre, trop fiers. Au retour, il contient trois glands un peu pourris, des feuilles mouillées, des petits bâtons cassés et les boules rouges qu’il ne fallait surtout pas manger.
Nous descendons un chemin qui serpente et arrive au dessus d’un lac. Un groupe de canards bien bruyants s’approche en nous entendant. À nos pieds, on peut les voir faire des ronds et des bruits de canards. Ils sont parfaits dans leur rôle.
Rachid les observe un moment puis se tourne vers moi d’un air suspicieux: « Mais ils sont où les pieds des canards? » Je lui montre, dans l’eau claire, qu’on les voit bouger en dessous, de petites palmes oranges. On les voit vraiment, une chance. Mais Rachid doute toujours et n’a pas l’air très convaincu. Et c’est vrai qu’à bien y regarder, c’est étrange.