Pique-nique avec des élèves. On est en juillet, on ne contrôle plus rien. Au milieu d’une aire de jeux, les enfants courent dans tous les sens comme si on venait de les délivrer. Lancer de bâtons, mandalas au sol à base de cailloux et de chips. Ils ont de la terre sous les ongles, on peut commencer à manger.
Comparaison des sandwichs: taille, épaisseur, style de pain, emballage alu ou film alimentaire, jambon, pas jambon, fromage, élimination des petits cornichons gentiment découpés par maman. C’est pas bon. Ils finiront dévorés par les fourmis.
Tout d’un coup, des hurlements en provenance du fond du parc, la maitresse a démarré un sprint incroyable, avant que nous ayons eu le temps de comprendre ce qui se passe. La seconde suivante, j’accours avec 250 serviettes en papier à la main, suivie de près par une stagiaire armée d’une bouteille d’eau.
Ouverture du crâne – un caillou propulsé par un bon copain qui vise bien.
La maîtresse court très vite, mais regarder, elle ne peut pas. C’est mon moment de gloire: compression, explication, pain de glace, tentative de calmer le futur héros. Quelques minutes après, tout le monde ramasse ses papiers dans l’herbe, sans dire un mot, « Voilà hein, vous voyez ce que ça fait quand on lance des cailloux! ».
Je reviens à la table en bois, un petit blondinet finit son sandwich en balançant ses pieds dans le vide, il n’a pas bougé et fixe le yaourt en berlingot fourni par la Mairie pour le panier-repas. Arôme mûre-framboise et biologique par-dessus le marché. « Moi, mes parents, ils achètent tout bio, y a que du bio dans le frigo. Mais moi, je trouve que le bio c’est nul, ça fait péter ».