Souvent, c’est très long jusqu’à ce que tout le monde soit d’accord pour savoir qui garde les enfants. Et quand personne ne l’est, il faut faire très attention, envoyer des mails, appeler des éducateurs, faire des compte-rendus, recevoir une moitié de famille rongée par l’inquiétude, vérifier la législation, demander des conseils, rester patient, et essayer de ne pas juger. Au bout d’un an comme ça et après de longues journées d’absence, la rentrée suivante revient et avec elle, un constat d’impuissance qu’on se ramène un peu à la maison le soir. A l’école, il reste une chaise vide dans une classe, un nom sur une liste et pas de visage en face. Une radiation qu’il ne faut surtout pas valider, un registre-matricule-qui-fait-foi, et quelque part dans une ville pas si loin, un enfant inscrit « à titre provisoire ».
Et puis la semaine dernière, ils étaient au portail. Les grands-parents de Lou. Même de loin, j’ai compris à leur tête qu’elle devait être de retour à la maison. Eux, en taille, ils ne dépassaient pas des autres parents, mais en bonheur oui.
Et le lundi, elle était là, Lou.
Vendredi, dans la cour, je lui ai dit que j’étais contente qu’elle soit revenue. Elle m’a dit « Oui. C’est parce qu’on a été à la Juge ».