L’alarme de l’école sonne parfois. Je le sais parce qu’après, je retrouve les bons d’interventions dans la boîte à lettres. En général, il n’y a rien de spécial. Disons pas un cambrioleur avec une torche et un collant sur la tête au milieu de la nuit. Plutôt une fenêtre mal fermée ou une affiche qui se décolle du mur et provoque un mouvement silencieux. Alors un vigile prend son véhicule, vient dans la nuit à l’école, déverrouille l’alarme, allume la lumière, vérifie toutes les ouvertures, remet le code, éteint la lumière, repart. J’aurais trop peur pour faire ce métier.
En ce moment, l’école est fermée. Elle reste toute seule, sans enfants. J’y passe de temps en temps, pour écouter le répondeur, faire le tour en plein jour et la rendre un peu vivante.
Et au dessus, il y a ma copine Carmen qui habite. On se connaît bien et c’est mon œil de Moscou pédagogique des bâtiments de France. Elle m’appelle, entre autres, quand les égouts de la ville débordent et refoulent partout dans la cour, si le portail est bloqué ou qu’on nous a volé les poubelles. Comme ça je connais l’ennemi, je suis prête à aller au combat.
Récemment, elle m’a dit: «Il faut que je te raconte un truc, ça fait un moment que je dois te le dire, j’ai même gardé le papier ».
Sa boîte à lettres et celle de l’école sont l’une sur l’autre et il y a souvent des erreurs. Trois semaines après le début du confinement, un événement exceptionnel par contumace. Inespéré.
Je lis le rapport:« 2 portes ouvertes donnant sur la cour et une porte fermée non verrouillée. 1 baie vitrée non verrouillée. Ensemble fermé et verrouillé par l’intervenant .
Présence d’une poule en liberté dans une classe (porte ouverte).
Poule sortie, porte verrouillée. »
C’est la dernière de Blanchette, j’en suis persuadée.
Une poule sur un mur.
Elle nous a quittés, quelques jours avant le début de cet étrange épisode.
On l’a retrouvée les pattes en l’air dans la cour.
Alors elle revient dans la nuit, par la porte ouverte de la classe et par la boîte à lettres.
Lève la queue et puis s’en va.