La classe, c’est une petite maison. On l’aménage, on la range, on la salit, on y vit ensemble comme une grande famille qui va durer une année mais qui se défait chaque soir.
Après les vacances d’été, j’ai toujours un petit plaisir à y remettre les pieds. Comme la maison de campagne que l’on n’a pas vue pendant de longs mois, j’aime farfouiller dans les tiroirs, retrouver des jeux, des gommettes, remettre son pyjama au poupon qui a passé l’été les fesses à l’air dans un lit superposé. Le pauvre.
Pourtant, beaucoup de choses ne m’appartiennent pas.
Alors, j’y amène aussi mes affaires. C’est ma cabane. Des coussins, des tissus, une lampe, des plantes.
En début de carrière, je disais souvent « dans ma chambre », à la place de classe. C’est classique.
Les fournitures, c’est une sorte d’excitation qui ne s’arrêtera jamais. Avoir tout ce qu’il faut pour donner envie, débusquer des nouveautés ou encore mieux, retrouver des vieilleries. Être rassurée parce qu’il y a toujours des grandes feuilles de papier kraft à pas cher chez Majuscule et des poinçons avec des tapis en feutre chez je ne sais plus qui.
Recycler des feuilles en petits cahiers de dessins, ma passion du moment. Avec un marteau, des clous et de la laine pour une reliure japonaise. Je sais déjà que je vais leur faire une présentation cérémoniale exagérée de la fabrication de ce cahier, avec le marteau, les clous et leur distribuer ensuite cet objet pas comme les autres.
Certains auront la bouche ouverte parce que j’ai tapé sur un clou d’autres voudront le cahier avec du fil vert et pas du rouge.
J’ai presque fouillé partout dans les placards.
Butin de la semaine : une boite pleine de crayons à papier, corps triangulaire, 2B. Mes préférés. Un catalogue de papiers cadeaux de 1994, ringards à souhait.
Ma mère m’a aussi offert une pendule de chez Lidl pour la rentrée, j’en avais pas dans la classe et celles des catalogues sont chères et ne marchent que 6 mois. Maintenant, j’ai la même que dans la cuisine de la maison des Deux-Sèvres. Elle est parfaite, en faux bois très bien fait. La trotteuse avance sans à-coups, hypnotisant. Si j’avais quatre ans, j’adorerais la regarder, je pense.
Et puis, le sol de ma classe, je ne m’en lasse pas, c’est une mosaïque des années cinquante. Du casson, ça s’appelle. Des carreaux beiges, gris, marrons, des blancs par-ci par-là, du rouge foncé.
Ambiance PMU garantie, de septembre à juillet prochain.