Ma mission avance et mes contacts locaux baissent leur garde. La confiance est installée et je récupère peu à peu des informations qui ne me servent pas toujours directement.
Le père si sérieux de Raphaël fait des mots fléchés aux toilettes car il y reste assez longtemps en général. Celui d’Eva a un travail très facile, allumer et éteindre les lumières pour les spectacles.
La mère de Nina soigne les chiens et parfois les hamsters, mais c’est vraiment moins souvent.
Parfois, le père de Jordan le met tout nu sur le balcon, mais seulement quand il fait des bêtises et celui d’Ali lui a déjà donné un coup de ceinture.
Ouvrir l’œil, laisser traîner une oreille, griffonner, dater. Il faut veiller sur tout cela, voir ce que l’on fait avec, ne rien oublier.
La maman de May avait un bébé dans son ventre, mais il n’y est plus et elle a pleuré pendant trois jours, mais maintenant c’est bon. Elle parle mal le français, elle m’a écrit un mail très personnel pour me remercier de m’occuper de sa fille.
Les parents de Wendy l’ont perdue dans un grand magasin car elle s’était cachée sous une étagère. J’étais dans le rayon d’à côté. Ils étaient paniqués et elle rigolait.
La maman d’Assya m’a écrit un long mot avec des conseils très gentils sur les huiles essentielles, l’huile de coco et le henné car elle avait remarqué mes reflets cuivrés. J’avais fini par lui dire que moi aussi, comme sa fille, j’avais attrapé des poux cette année, ça l’avait horrifiée. Quand j’ai recroisé le père quelques jours plus tard, je lui ai dit en plaisantant que ça y est, je n’avais plus de poux. Il m’a demandé en rigolant si j’étais morte. Devant mon air interloqué il a dû m’expliquer sa blague.
Les parents se demandent toujours ce que l’on sait.
Bien plus encore qu’ils n’imaginent.