« Qui a lancé une courgette, là? »
Sitôt prononcée à haute voix, la portée de cette phrase me frappe en plein visage. Le légume en plastique n’est pas passé loin et je ne saurai jamais qui a fait ça. Il me reste une mission. Ne pas rire, ne pas sourire, avoir l’air grave. Répéter d’un ton sentencieux: « On ne jette pas de légumes à travers la classe, là ». Avec tout ce que cette règle a d’étonnant et d’incongru.
Combien de fois ai-je dû dire cette année: « Mais non, c’est pas rigolo. C’est pas drôle du tout. Là, je ne rigole pas du tout. » Alors que si, c’était vraiment très drôle. De goûter les feuilles de la haie, de mettre sa serviette de table dans son dos comme Batman, de se cacher dans l’étagère du bas de la bibliothèque, de mettre de grosses perles dans son nez ou de loucher en haussant les sourcils à table.
Expliquer que le vélo n’a pas de prénom, qu’on peint sur la feuille de papier, qu’on ne boit pas l’eau des fleurs et qu’on avait envie de mettre ces chaussures là.
Pour le moment, je n’ai plus besoin de trouver ou d’inventer des raisons à ce qui se fait ou ne se fait pas. Quelques semaines sans raisons. Avant leurs suggestions étonnantes de fin de l’été.