Sur un des grands côtés de la cour, il y a une haie. Vieille et moche, et qui pue même un peu. Une haie de laurier palme, archi-classique. Ses « presque troncs » permettent de la traverser, de l’intérieur, dans la longueur, sans toucher le sol. Depuis qu’il ne pleut plus, les petits bottés disparaissent dedans toute la récréation. On ne voit que les feuilles qui bougent et les branches qui ploient, cachant des aventuriers armés de bâtons. Ils en sortent pleins de terre, de feuilles, de griffures.
Régulièrement, on vient nous voir, pour nous prévenir que quelqu’un est « bloclé » dedans. Là, on se dirige aux cris de celui qui, coincé dans les arbustes, cherche à démêler son corps des branches.
« -Maitresse, tu nous surveilles?
-Non.
-[…] Ah bon, pourquoi?
-Parce que… vous êtes dans la haie, c’est tout.
-On peut d’aller dans la haie tous seuls?
-Oui. »
Photo Alain Laboile.