C’est le livre préféré de beaucoup de petits. Parce qu’il faut chercher, observer, ne pas se laisser berner par les détails, les apparences, ce qui ressemble mais qui nous trompe… Et Charlie est toujours là, à chaque page du livre. Et quand on l’aperçoit enfin, on se dit, « Ah voilà, j’ai trouvé Charlie! ».
En général, on se rappelle où on était le jour où les tours sont tombées. Pas la peine de préciser lesquelles. J’allais à l’IUFM, pour déposer mon dossier d’admission. Je suis restée dans ma voiture en plein soleil, longtemps, pour essayer de comprendre, hypnotisée par l’autoradio. Puis, il y a eu la minute de silence. Des futurs enseignants, qui n’avaient pas encore eu leurs tous premiers élèves. Debout et tout le monde se taisait. C’était un peu bizarre car il y avait du soleil et que c’était la rentrée.
Ce matin, la minute de silence était dans la cour du collège. Les élèves étaient rangés, calmes, ou se retenaient de rire, de gêne. Une voix a rappelé, ce qu’est la liberté d’expression, et d’autres choses, mais je n’entendais plus. Au loin, la sirène des pompiers, face à la Garonne, et des cloches de je ne sais pas où. Et puis, une fille a traversé la cour d’un pas traînant d’adolescente, c’était fini.
Je me suis demandé si, eux aussi, toute leur vie ils s’en rappelleraient, de cette minute de silence.