La mère de Gaël est pétillante, une mini tornade frisée, toujours de bonne humeur. Le matin, quand les parents ont amené leur enfant dans la classe, ils s’en vont par le couloir et repassent ensuite devant la grande baie vitrée qui donne sur la cour. C’est le fameux « au revoir à la vitre ».
Chacun sa technique : les mains collées contre celles de son enfant, l’œil larmoyant, les bisous collants qui laissent des trainées (que mon ATSEM fera disparaitre aux vacances).
La mère de Gaël, elle, envoie des cœurs géants. Elle se place dans la cour, à quelques mètres de la vitre, se penche jusqu’à par terre et commence un cœur qui va jusqu’au ciel. Elle n’est pas très grande et se hisse sur la pointe de ses chaussures à talons verts et brillants pour tracer cette forme immense et invisible, les deux bras grands ouverts. La première fois que je l’ai vue, c’est à travers le regard de son fils. J’ai tourné la tête pour voir ce que Gaël regardait, le visage illuminé.
Sa mère, sous la pluie, au milieu des parents qui courent. Elle faisait le cœur du matin en prenant bien son temps avec un immense sourire.
Gaël est pétillant comme elle. Il a toujours des choses étonnantes à dire, il fait des blagues et quand il raconte une anecdote, il lève les sourcils tout le long du récit.
« Maîtresse tu sais, dans l’école, y a un espion qui habite à la cave mais y sort que le soir. Et ben cette nuit, il est venu chez moi, mais j’ai pas pu le voir parce qu’il est invisible ».