Grand Vide

C’est la fin de l’été, très bientôt.

L’autre soir, j’ai entendu une chanson de Barbara à la radioBeau temps pour un chagrin, que ce temps couleur d’ambre. Ça m’a réveillée tellement ça m’a semblé vrai, là. Je ne sais pas pourquoi. J’ai dû rallumer et j’ai repris mon livre, la vie d’une sacrée maison et de ses habitants. Plantée tout au milieu d’un village que je connais, maintenant.

J’entame tant d’histoires sans aller au bout. Celle-là, je me suis retenue de la finir en un soir, je l’ai savourée, tellement je voulais continuer à en savoir plus… Une semaine, j’ai tenu.

Maintenant, il faut remettre un pull si on traîne dans le jardin, à attendre que la lune pointe son nez. Les jours raccourcissent, on le sent.

J’ai mis deux jours entiers pour dégager mon bureau, retrouver les dessins des derniers élèves, remettre la main sur un papier, froissé de la fatigue de l’année passée. Chiffonné de juillet, il porte pourtant une belle idée à mettre en place. Sauvé de la poubelle, du déchirage intempestif, de mon tri sélectif absolu. Une petite pousse.

Où sont mes élèves ? Là, maintenant. Au bled. Chez mamie, dans la terre devant la maison. En haut de la tour qui surplombe la cour vide de l’école.

Je saurai bientôt.

En attendant, face à mon bureau, rangé. C’est la sale petite fin d’août.