Celui qui croyait au sel, celui qui n’y croyait pas

Hier après-midi, deux hommes mystérieux sont venus demander si je voulais qu’ils salent la cour. Coincée dans le dortoir des petits, j’ai fait dire que « Merci, mais non merci, il n’y a pas de verglas, donc pas besoin de sel ». Ce matin, les deux gars sont revenus saler la cour sans demander et ils ont bien précisé que les enfants ne devaient surtout pas toucher le sel.

Maintenant, du sel, il y en a partout devant l’école, dans la cour, autour des jeux et même sur la balançoire et dans la cabane. Vers dix heures, les enfants se sont collés aux vitres en poussant des « Wahou! Il a neigé, y a des cailloux de neige ». Les filles s’entrainaient à « saler » le couloir de cristaux blancs en dansant et fredonnant le fameux air dont on taira le nom. Alors, dans le doute, nous sommes tous restés dedans, toute la matinée. Si-c’est-pas-malheureux-avec-ce-grand-soleil.

A midi, j’ai appelé la Mairie pour signaler ce principe de précaution un peu extrême. En fait, il y a eu une erreur d’école et… un gros blanc au bout du fil.

Ceux qui avaient de la glace en ont donc toujours et sont vraisemblablement restés à l’intérieur. Ceux qui n’en avaient pas ont désormais du sel et pas de glace et ne sont pas sortis non plus. Le monsieur de la Mairie, toujours très philosophe a bien résumé la situation: « Vous avouerez que c’est idiot, on met du sel pour qu’ils puissent sortir sans danger, mais comme il y a du sel, ils ne sortent pas parce que c’est dangereux, y a quand même quelque chose d’étrange faut le reconnaitre ».