Halouf

À la cantine cette semaine, y a eu des saucisses. C’est vraiment cantine comme menu et les enfants adorent. On s’en doutait depuis la récré du matin qu’il y avait un plat de ce genre. Gras et rassurant. L’odeur s’insinue malicieusement dans les narines de ceux qui font de la balançoire et se tirent les cheveux pour avoir le meilleur tricycle. Alors, arrivé au moment de la cantine, c’était la joie absolue.

Les saucisses, c’est facile à manger, c’est salé, on peut en avoir plusieurs fois et quand on a trois ans, on peut même crâner en les comptant facilement sur ses doigts sans se tromper. Une, deux, trois saucisses, maîtresse. Dans les plat en inox de la cantine, il y a des saucisses avec du porc et d’autres avec de la dinde. Mais à l’œil nu, on ne voit pas la différence. Et pour savoir qui en mange, il faut vérifier sur les feuilles d’inscription, surtout au début de l’année, quand on ne connait pas bien tout le monde. Ensuite, il ne faut pas mélanger les couteaux qui touchent les saucisses de porc, avec les couteaux qui touchent les saucisses de dinde. Et ça, il faut bien s’en rappeler quand on coupe dans les assiettes des enfants, à toute vitesse. (Heureusement, certains attaquent le dessert avant, parce qu’ils ne peuvent plus attendre tellement ils ont faim). Pour les maîtresses, c’est vraiment stressant ces histoires de saucisses. Ne pas se tromper. Regarder qui mange quoi sans passer non plus le repas à dire « Qui ne mange pas de porc? » Poser la question, c’est s’assurer que toute la table va répondre moi et là, terminé, c’est la panique, on doit ressortir le classeur de la cantine, alors qu’on était sûres de nous.

A quelques minutes de la fin du repas, tout est sous contrôle, on s’approche tranquillement du moment des petits suisses. Et là, imprévu, problème de quantité. Plus de rab en saucisse de dinde. Momo, se met à pleurer vraiment, avec sa fourchette à la main, sa serviette autour du cou, la fatigue de la matinée et des larmes qui dégoulinent dans son assiette: « Mais j »veux du poooorc!! »

Il était désespéré.

Un peu plus tard, je suis entrée dans le dortoir et il s’était endormi sur un énorme ours en peluche plus grand que lui. Médiation animale.