Concierge

La porte de mon bureau est ouverte. Dessus, une vielle plaque en plastique fixée au scotch double-face. Avant les suppressions de poste, il y avait un adjoint. J’en retire un « grade » beaucoup plus important que la réalité.
Ceux qui me connaissent savent que j’ai simplement hérité de ce bureau, les autres regardent la porte, lisent la plaque, puis s’adressent à moi plein de déférence, jusqu’à ce que je leur dise que je ne suis pas celle qu’ils croient – c’est à la tête du client.

Ma porte donne juste sur une autre porte, parfois fermée. Celle du « chef d’établissement ».

« Il est là ? »  (Chuchotement, yeux écarquillés, menton levé.)
« Tu l’as vu ? »  (Voix blanche, lecture sur les lèvres.)
« Il est énervé ? »  (Lèvre du haut retroussée, sourcils froncés.)
« Y a des gens dans son bureau ? »  (Personne pressée, paquet de photocopie dans les mains.)

Des doigts pointés vers la porte d’à côté, m’interrogent sur l’humeur du grand chef.

Place stratégique.