Presque comme un chat au soleil

Quand il fait chaud et lourd, les fins de journée à l’école, on les attend vraiment. Pour enlever ses chaussures et marcher pieds-nu. Pour arrêter de se forcer à être calme alors qu’on a envie de frais, de silence et de hamac. Les enfants aussi, mais souvent ils ne se forcent pas à être calme, eux. Ils sont tous rouges et ils transpirent, et les parents aussi. Les parents, la chaleur ça les fait se plaindre souvent. Et y a de quoi se plaindre dans la vie des autres. Dans la cour, il y avait donc cette femme qui portait les trois cartables de ses trois enfants tous rouges qui courraient partout. Dans les toilettes, dans la petite cabane en bois et autour de leur mère. Elle s’est approchée de nous pour demander comment ça allait.

A un moment, la maîtresse a du répondre à quelqu’un d’autre très rapidement, alors la maman a continué à me parler avec ses trois cartables sur les épaules et ses yeux tout plissés par le soleil trop brillant en face. Son fils voulait amener un hamster dans la classe. « Rha, il m’tanne, y veut l’amener pour faire un esposé. C’est dur hein les bêt’. Ppfff, not ‘chat y s’est suicidé, il avait 19 ans . Y restait tout le temps su’l balcon. Même si y pleuvait ou même en plein soleil. Pis on l’a r’trouvé en bas un jour. Il a sauté hein sans doute. Bon allez, faut qu’j’me dépêche, j’ai rendez-vous à l’hôpital pour les béquilles à mon fils. Ils font que de s’blesser les trois. C’est pas des gosses que j’ai fait, c’est des morceaux. »

Je l’ai regardée partir avec ses sacs à la main et ses morceaux d’enfants autour.

La maîtresse a dit qu’elle les connaissait bien, et que ça allait vraiment mieux qu’avant pour eux.