Icham

Il arrive en courant au bureau, un petit dérapage contrôlé, et il me tend fièrement sa feuille. Depuis quelques temps, il me demande souvent – si c’est bien – si c’est mieux – s’il progresse. « Whhop là, maîtresse! J’ai tout, tout fini. J’ai même pas lâché les bras. » Il est content de me dire ça. Il a tout, tout fini. Et c’est bien. Icham, depuis qu’il veut savoir si c’est mieux, il a changé. Il est plus ouvert, moins torturé. Il a même l’air d’être bien à l’école, du moins je pense. Avec les autres enfants aussi, il a l’air bien. Il parle plus qu’avant.  La semaine dernière, il m’a demandé s’il faisait « encore des trucs en douce », parce que j’avais expliqué ce que ça voulait dire « en douce », qu’il trouvait que ça lui ressemblait, et qu’il voulait savoir s’il avait changé…

Le soir, quand je pars tard, il est encore là. Et le matin quand j’arrive tôt, il est déjà là.

Souvent, on ne les voit pas progresser, tout se fait de façon invisible. Souvent, mais pas toujours…