« Faut dire…

Faut dire qu’elle était brune tant la dune était blonde… » 

Toc, toc, la maîtresse ouvre la porte avec un agité sous le bras, Simon. Tiens, je le connais bien, enfin, on se connaît bien. Les agités, des fois je les garde un petit peu avec moi, dans mon bureau. Ça fait de l’air à tout le monde, même à eux.

Quand je ne suis pas dans la classe, c’est là que je traîne, dans mon « bureau », et mon grand luxe, c’est le silence. Les bruits de l’école, mais de loin. Les élèves qui sont avec moi, je fais tout le temps semblant de pas les voir, disons que je sais qu’ils sont là, assis sur la chaise bleue, de l’autre côté, en face de moi. Mais je ne dis rien. J’attends. Pas comme une sadique, plutôt comme un jeu…le premier de nous deux qui dira un truc, aura perdu. Dans la vie, je suis très bavarde, mais là je ne perds jamais. Faut dire que je triche: je travaille. Et Simon lui, il me regarde. Mon deuxième luxe après le silence, c’est la musique. J’écoute la radio souvent. Alors, il me demande ce que c’est qu’on entend. Je réponds que c’est la radio, mais ça le perturbe parce qu’on n’entend pas beaucoup et on perçoit difficilement d’où arrive le son. Il dit que ça ressemble à de la musique du supermarché, à cause de ça. Je lui dis que c’est FIP. Une radio où il y a des choses très différentes qui passent et que c’est ça que j’aime bien, parce que c’est plein de surprises. « Ha oui, c’est mélangé en fait. » Voilà, c’est mélangé.

« -Elle m’a oublié maîtresse?

-Non, non, elle va revenir te chercher, mais là, tu étais un petit peu énervé, donc elle attend que tu sois plus calme et elle va revenir, t’inquiète.

-Et là, je suis très calme. Parce que c’est bien là, la musique que t’as. Même si je connais pas. »

« Faut dire…
Qu’on ne nous apprend pas
Mais parlons d’autre chose ».